Je suis tellement dans le futur gros, j’suis déjà mort

par Emilio

Au-delà de la sempiternelle excuse que nous allons devoir vous sortir en préambule de la totalité des futurs articles de notre blog, demeure une légère mais néanmoins tenace envie de vous raconter, au travers de quelques lignes écrites maladroitement entre deux tests stats merdiques, le quotidien de notre vie de thésard cynique sur ce blog par trop de fois laissé à l’abandon.

Il y aurait de quoi passer des journées à se lamenter sur cette période de notre vie, à la fois période d’émulation intellectuelle folle et de sinistres semaines de 55h, sans RTT ni heures sups pour compenser les valises gigantesques qui se glissent sous nos yeux à mesure que les jours passent en se ressemblant étrangement de plus en plus. D’ailleurs Easyjet va très probablement me faire payer un supplément la prochaine fois vu ce qui pend sous mes yeux ces derniers temps… (en mode « punchline » aujourd’hui je vous préviens).

Alors même que la vie suit son funeste cours, nous amenant tous à plus ou moins long terme vers une mort que je pressens pour ma part comme atrocement douloureuse, les fameuses trois années imparties se réduisent comme peau de chagrin, et il devient de plus en plus compliqué de penser à autre chose qu’à la Délivrance finale de la soutenance, qui je pense va exactement ressembler au film, avec un sale gamin attardé qui va jouer du banjo pour mon pot de thèse.

delivrance banjo

« Ta soutenance était merdique mon grand » *Doing* *Doing*

Alors, en ce début d’année 2015, le bilan se doit d’être fait, et à la vue du ton utilisé jusqu’à présent dans l’article vous vous doutez probablement que ce dernier n’est pas forcément des plus positifs. Pour parler franchement, j’ai en ce moment l’impression d’être passé complètement à côté de ma thèse. Et « passer à côté » c’est un moyen poli pour dire qu’elle m’a mâché et recraché de multiples fois, et que, comme un con heureux que j’ai toujours été, je me suis précipité à chaque fois dans sa gueule béante, en croyant dur comme fer que cette fois, non, ça va marcher, ya pas de raison que ça marche pour tout le monde et pas pour moi putain, faut arrêter de déconner, un mec peut pas cumuler autant de merde, le vent va bien finir par tourner. Une leçon les enfants, le vent tourne, mais c’est pas en restant cloué au sol que ça va changer quelque chose pour vous.

Parce qu’il est là le vrai problème de ma thèse, et donc par extension de la thèse d’autres personnes je suppose, je dois pas être seul dans cette fosse septique qu’on appelle le Doctorat (avec un grand « D » comme dans « Dans ton cul sale c*n »). Ma thèse n’a jamais décollé. Je n’ai jamais vécu de moment de félicité, des moments qui me font me dire que j’ai bien fait d’en chier pour en être là aujourd’hui. Tout ce que j’ai fait jusqu’à présent, c’est bosser assez pour me dire que ça viendra plus tard. Et quand on arrive au bout comme moi, qu’on se rend compte qu’il ne reste plus assez de temps pour que justement le positif arrive enfin, on réalise que la balance mentale s’est déréglée il y a longtemps et que rien ne justifiera plus tes 8 années d’études après le bac.

Je sais bien qu’il y a pire que moi. Mais je sais surtout qu’il y a généralement mieux. Et pourtant j’ai tenté mon possible pour ne pas que ça arrive, mais voila, ça se saurait si la simple volonté pouvait faire changer le monde. Essayez de vous vendre en troisième année de thèse pour un post-doc sans aucun article publié, accepté ou même soumis, et vous verrez, vous avez autant de chance d’être pris que Hollande d’être réélu président en 2017 (je suis devin le week-end, si tu veux savoir si ton ex va revenir, envoie un mail à : jesuisungrospigeon@gmail.com et balance moi ton numéro de carte bleu).

Ma nouvelle carte de visite, si jamais. J'ai changé d'ethnie pour augmenter ma clientèle si c'est ce que vous vous demandez

Ma nouvelle carte de visite, si jamais. J’ai changé d’ethnie pour attirer la clientèle, si c’est ce que vous vous demandez

Et oui je me plains. En même temps, tu es actuellement entrain de lire mon blog, donc j’ai plutôt le droit de le faire. Tu as le droit de m’insulter en retour par contre, mais tu ne le feras pas, parce que je te connais et je sais que tu es quelqu’un de bien, unique lecteur de notre magnifique blog.

D’habitude je finis sur du positif pour mes articles, afin de ne pas laisser un trop mauvais arrière-goût à nos lecteurs. Mais aujourd’hui non, je ne pense pas que ça va se faire malheureusement. Le seul point positif que je vois, c’est que je ne vais pas pouvoir faire de 4ème année (contrairement à 78% de mes proches amis thésards, sondage TNS-Sofres), donc je serais plus vite au chômage, et je pourrais plus rapidement passer mes journées en slip kangourou à écrire des commentaires haineux à mes collègues doctorants qui, non content de faire des conférences à Los Angeles ou Tokyo, postent des photos sur les réseaux sociaux. Oui ils ont le droit de le faire, mais j’ai aussi le droit de les insulter.

L’insulte publique est la dernière chose dans laquelle je suis à peu près bon, avec la consommation massive de graisse et d’alcool, donc ne m’enlevez pas ça !

PS: C’est mon anniversaire demain, donc j’ai le droit de faire la gueule

PPS: Pour les curieux, le titre de l’article est issu d’un morceau de Hyacinthe que je kiffe, et qui comme cet article respire la joie de vivre et l’envie d’aimer son prochain. Je le mets ci-dessous pour les mélomanes.

3 Commentaires

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3 réponses à “Je suis tellement dans le futur gros, j’suis déjà mort

  1. Phine

    Merci pour cette unique source de réconfort de ma journée 😀 ça m’aura valu quelques éclats de rires nerveux seule devant mon écran plutôt que de pleurer = le seul résultat concret qu’engendrent mes dernières manips.
    (mention spéciale pour le type creepy au banjo).
    « elle m’a mâché et recraché de multiples fois, et que, comme un con heureux que j’ai toujours été, je me suis précipité à chaque fois dans sa gueule béante, en croyant dur comme fer que cette fois, non, ça va marcher… » Putain, c’est exactement ça.
    Je me permets de m’allonger sur le divan du psy.
    Je suis en train de découvrir que plus tu fais un article complet, moins les journaux en veulent. (en gros, on rencontre beaucoup plus de difficultés dans nos soumissions maintenant qu’on a ajouté presque 2 ans de boulot au dit article qu’avant l’update…*coeur qui se serre*). Voilà.
    Mais j’ai appris à relativiser, alors je suis contente de dire que je suis dans les auteurs d’un article rédigé 🙂

    Retour à ce qui est important : Joyeux anniversaire mec, fête ça bien !!!

  2. Kiiss

    Comme ta thèse, cet article est pourri ! lol

  3. Alors donc, c’est moi l’ « unique lecteur de [v]otre magnifique blog »… Ca explique bien des choses.
    Enfin bref, la section des tags est assez réussie.

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